Partie 1Partie 2Partie 3
Voter ou ne pas voter ? Comment aller vers plus de démocratie ? Des plus modérées aux plus radicales, explorons les alternatives qui existent à notre système politique !

Dans cet article

Vers partie 1

Vers partie 2

Partie 3

Dans tout débat où vous auriez la folie de soutenir à votre interlocuteur·rice que le monde n’est pas idéal et qu’il faudrait “changer les choses”, celui-ci vous répondra un truc du genre :
“C’est bien beau de tout critiquer, mais qu’est-ce que tu proposes ?”
…censé prouver que puisque vous n’êtes pas capable de lui expliquer dans le bon ordre les 1578 étapes nécessaires à une transition, c’est sûrement que le monde est très bien comme il est.
Bien que dans cette situation, le but de votre interlocuteur·rice soit quasi-systématiquement de vous mettre en difficulté, et pas du tout d’en apprendre sur les alternatives au système actuel, il est très intéressant de réfléchir à ce que nous pourrions faire d’autre, de différent.

Nous avons grandi dans un système politique, il nous a fortement façonné de telle façon que la plupart d’entre nous sommes incapables d’en imaginer un autre à partir de rien. C’est pourquoi nous n’allons pas essayer de l’imaginer à partir de rien : fort heureusement, dans le monde entier et à travers toute l’histoire, il n’y a pas eu que des empires, des royaumes et des dictatures. Nous pouvons nous inspirer des expériences d’autres communautés.

Petit tout d’horizon de ce que je connais en alternatives, des plus modérées, couvertes dans le film de Datagueule ci-dessous : Démocratie(s)? (1h30), aux plus ambitieuses. Évidemment cette liste n’est pas exhaustive.

Voter ou ne pas voter ?

L’abstention est une des réactions les plus courantes pour les gens qui réalisent l’étendue des failles démocratiques qui entachent les élections nationales en France (comme vu dans la partie 1 de ce dossier). J’ai moi même longtemps été abstentionniste : c’est-à-dire que pendant des années, je n’ai pas voté par principe. Puisque le système démocratique était vicié, je refusais d’y participer.
Je me renforçais dans cette position grâce à l’agréable certitude d’avoir mieux compris les choses que mes ami·es, qui me harcelaient d’argumentaires type “devoir citoyen”, “des gens sont morts pour…”, “on est pas en Corée du Nord non plus”, “c’est faire le jeu de l’extrême droite”, etc.

Malheureusement, on l’a vu, la politique n’est pas une affaire de principes. Ceux qui se battent pour l’inégalité et la poursuite des oppressions se moquent bien de nos principes. Ils nous remercient de ne pas nous salir les mains et de leur laisser le champ libre.
La seule question pertinente si on veut que ça change, c’est : est ce que ça marche, l’abstention ?

Pour moi, et mon moi du passé rechigne à l’admettre, la réponse est sans appel.

Quelques chiffres :
Plus de 65% d’abstention aux régionales et aux municipales 2020.
50% d’abstention depuis les années 60 aux États-Unis pour la présidentielle.
Aux Européennes de 2014, la République Tchèque et la Slovaquie ont pété le plafond avec respectivement 82% et 87% d’abstention. Pour l’instant sans le moindre effet politique détectable.

Et en fait ce n’est pas si étonnant. Le vote et l’abstention sont à la politique institutionnelle ce que le colibrisme est à l’écologie : une stratégie individualiste utopique. On se laisse bercer par un doux “Et si tout le monde faisait X” qui n’arrivera jamais :

Et si tout le monde arrêtait de manger de la viande
Et si tout le monde retirait son argent de la banque en même temps
Et si tout le monde arrêtait d’aller travailler
Et si tout le monde arrêtait d’acheter des produits inutiles
Et si tout le monde arrêtait d’utiliser sa voiture
Et si tout le monde arrêtait d’être raciste, sexiste, homophobe

(liste infinie de choses qui n’arriveront jamais)

À l’échelle individuelle, il me semble que voter ou ne pas voter n’a strictement aucun effet. Patchwork démontre bien dans cette vidéo (22min) que les stratégies dites “réformistes” sont très limitées.

Si le jour de l’élection vous n’avez rien à faire et vous avez une vague idée de pour qui voter, franchement vous privez pas. Mais ne vous faites pas trop d’illusions.

Fred de Patchwork

Je crois qu’il est complètement inutile de gaspiller notre énergie à réfléchir pour qui voter, à convaincre les autres de voter ou de ne pas voter. Pour moi, la seule question qui compte c’est : qu’est ce qu’on fait d’autre, collectivement, pour lutter pour plus de démocratie ?
L’énergie et le temps pour lutter, on en a trop peu, c’est à ça qu’il faut les consacrer. Comment ?
Trouver des réponses est l’objectif des paragraphes qui suivent.

Que font nos voisins ?

Tous les pays n’ont pas le même système politique que nous et, même si les différentes versions de la “démocratie occidentale” se ressemblent finalement beaucoup, il peut être intéressant de voir que des choses évidentes ou au contraire impossibles en France ne le sont pas dans des pays pas si lointains.
On cite souvent la Suisse et ses référendums fréquents, l’Allemagne et son fédéralisme parlementaire qui force les alliances entre partis, et les démocraties du nord (Danemark, Suède, Norvège) qui sont en tête des classements internationaux.
Je ne vais pas m’étendre sur ce sujet, je le connais mal, je pense qu’il est très facile de trouver des infos là-dessus, et très honnêtement je ne suis pas bien convaincu qu’aucune de ces formes de démocratie ne soit satisfaisante sur la plupart des aspects dont nous avons parlé ici : elles demeurent toutes des systèmes représentatifs.

Expérimenter à l’intérieur du système

Les institutions sont ce qu’elles sont, les lois sont ce qu’elles sont, et nous maintiennent la plupart du temps dans une impuissance politique frustrante.
Heureusement il existe des trous, des failles, des interstices dans lesquels nous pouvons nous glisser et expérimenter des formes de gouvernance différentes. C’est ce que présente la première partie du film de Datagueule.
Avec les exemples d’une mairie d’un village Alsacien et la Marie Podemos de Madrid : le pouvoir d’une mairie est plus facile à conquérir par une population ayant un désir de démocratie, et les mairies sont des entités qui ont encore un pouvoir important sur certains aspects de la vie politique. C’est un espoir qui s’appelle le municipalisme.


C’est une voie qui me semble bien plus porteuse que sa grande soeur, à savoir élire la bonne personne président·e : comme on l’a vu, l’appareil de pouvoir influe fortement les personnes à sa tête, et l’Histoire ne manquent pas de candidats progressistes qui, une fois au pouvoir, ne font pas grand chose voire font l’inverse de ce pour quoi ils ont été élus (Mitterand, Hollande en France, Obama, Blair ou encore Tsipras à l’étranger). Ou deviennent autoritaires comme ça a été la mode en Amérique latine dans les années 2000. Ou alors appliquent vraiment leurs réformes et se prennent un coup d’Etat comme Salvador Allende au Chili en 1973, analysé par Frédéric Lordon dans cet article.

L’autogestion et les pratiques démocratiques

La suite du film de Datagueule (le timing ici) présente le cas d’une entreprise coopérative en Grèce, c’est à dire une entreprise entièrement possédée par ses travailleur·euses, dans laquelle tous et toutes ont un pouvoir de décision égal sur tous les aspects de la production : les rôles, les salaires, les conditions de travail etc.


Dans ces espaces, on peut mettre en place des pratiques de la démocratie plus … démocratiques que celles auxquelles nous sommes habitué·es. Par exemple, l’Université du Nous propose différents outils comme la prise de décision par consentement, l’élection sans candidat et des outils de gestion de conflit.
Leur site pour aller voir de plus près

Ces outils sont parfois regroupés en ensembles cohérents pour l’organisation d’une entreprise, d’une association… parmi elles, la sociocratie ou la holacratie.
Je trouve qu’il est encore mieux de créer son propre ensemble d’outils avec le collectif dont on fait partie, car c’est en créant ses propres outils qu’on les comprend, qu’on les accepte mieux et qu’on identifie mieux ce qui dysfonctionne pour les adapter.

Ce sont potentiellement des habitudes et des pratiques qui sont vertueuses dans tous les collectifs dont nous faisons partie, pour effacer certains effets de prise de pouvoir et d’oppression qui se mettent en place malgré nous : groupes de potes, famille…

Attention cependant : atteindre un objectif de façon démocratique et horizontale ne signifie pas que l’objectif soit obligatoirement vertueux. Dans un contexte capitaliste, certaines coopératives ont certes un fonctionnement moins hiérarchique mais poursuivent quand même un objectif de profit maximal.

Éduquer à la démocratie : l’éducation populaire

La suite du film (timing ici) présente une école Freinet, qui fait partie avec notamment les écoles démocratiques, des endroits où l’on essaye, entre autres, d’éduquer à la démocratie. Contrairement aux pratiques majoritaires dans l’éducation nationale, ces endroits tentent de considérer les enfants comme des personnes à part entière, qui ont le droit de participer aux décisions qui les concernent.


Iels n’en ont pas toujours la totale capacité, comme les adultes d’ailleurs, c’est quelque chose qui s’apprend par la pratique et que la plupart d’entre nous n’a pas eu la chance de vivre : gérer des conflits de manière collective ; créer, appliquer et évaluer des règles communes ; prendre des décisions, y compris sur ce qu’on veut apprendre et comment on veut l’apprendre : autant de choses que l’école républicaine ne souhaite pas particulièrement que les enfants maîtrisent, et pour cause : les personnes correctement éduquées à la démocratie pourraient développer d’autres aspirations qu’aller s’enrôler dans le capitalisme toute leur vie et voter tous les 5 ans…

Les écoles actives, mais aussi les colonies de vacances, les conférences gesticulées, le community organizing, les ateliers participatifs et bien d’autres, s’inscrivent dans l’éducation populaire.

Les personnes qui s’investissent dans ces idées et ces pratiques font le pari que rendre les personnes capables de réfléchir ensemble à leurs conditions de vie, de se transmettre les savoirs que nous acquérons par nos expériences, de formuler leurs besoins et de créer les manières d’y répondre, permettra à ces personnes de s’organiser pour changer le monde de la manière qui leur correspond.
En tant que militant de l’éducation populaire, je ne la considère pas seulement comme une alternative, mais comme une condition nécessaire à tout vrai changement, et j’ai beaucoup plus d’espoir là-dedans que dans les solutions toutes faites que leurs défenseur·euses souhaitent voir imposées au reste de la société “pour leur bien”.

C’est Franck Lepage qui m’a le premier transmis cette passion pour l’éducation populaire, vous trouverez ici la conférence gesticulée Incultures 1 - La culture, qui retrace l’histoire et le combat pour l’éducation populaire en France (2h, on voit pas le temps passer, il est très drôle).

Changer les règles du jeu

Le film de Datagueule aborde décidément plein d’aspects, et sa dernière partie montre comment les islandais·es ont pris en main leur destin et décidé de réécrire leur constitution (timing ici).
Le 25 octobre 2020 c’est le Chili qui a voté pour la réécriture par une assemblée constituante élue par le peuple.
C’est également une des propositions du programme de Jean-Luc Mélenchon aux élections présidentielles, même si comme on l’a vu, rien n’est moins sûr qu’une fois élu il l’appliquera…
Si vous avez lu la partie de ce dossier sur la constitution, vous voyez maintenant pourquoi l’enjeu d’une réécriture de la constitution est potentiellement grand.
Ce ne sont pas les seules règles que nous pouvons imaginer changer : il n’est pas inéluctable que nous soyons soumis aux lois du marché capitaliste, et la reprise du pouvoir politique permet entre autres de changer les lois sur l’économie qui aujourd’hui donnent toute liberté aux entreprises : accords de libre échange, droit du travail, paradis fiscaux…

La radicalité comme nécessité

Il est très bien ce film de Datagueule, très inspirant. Il recense plusieurs alternatives très intéressantes au sein de ce que Marx appelait les démocraties bourgeoises, c’est à dire les démocraties construites, comme on l’a vu, pour favoriser les intérêts des possédants.

J’ai toutefois peine à croire qu’aucune de ces solutions, même combinées, soient suffisantes pour renverser un ordre des choses si solidement établi, si bien armé. Une caractéristique bien connue des alternatives à l’intérieur du système dominant, c’est qu’à l’instant où leur existence menace l’ensemble, ces alternatives sont au choix :

Récupérées et rendues inoffensives Pensez par exemple au développement durable et à la communication des grandes marques sur le caractère écologiques de leurs produits qu’ils vendent en quantités toujours plus grandes (aussi appelé green-washing, cette pratique voit son équivalent pink-washing émerger pour s’adapter aux revendications féministes).

Marginalisées et ridiculisées avec toute la puissance dont les politicien·nes et les médias sont capables. Pensez par exemple à la façon dont les petit·es candidat·es à la présidentielle sont traité·es lorsque les chaînes de télé sont (de moins en moins) forcées par le CSA à les inviter s’exprimer : écoutez le mépris de Jean-Michel Apathie à l’égard de Jacques Cheminade, candidat en 2012 :



Temps passé à parler des candidat·es à la télévision : Macron 182h, Anasse Kazib (dont vous n’avez par conséquent jamais entendu parler) 5min. Au passage, la barrière des 500 parrainages qui assure que l’élection présidentielle soit bien réservée aux professionel·les de la politique.

Détruites avec toute la force de répression que possède l’État et qu’il met régulièrement au service des intérêts des possédants (conformément à des lois bien sûr, mais des lois prévues à leur avantage par tous les systèmes d’influence que nous avons vu : en premier lieu, la propriété privée).
L’exemple le plus frappant est la destruction en 2018 par plus de 2500 policier·es et gendarmes de la Zone A Défendre (ZAD) de Notre-Dame-Des-Landes, lieu que des militant·es occupaient pour empêcher la construction d’un aéroport aux conséquences environnementales désastreuses.

Cela ne signifie pas, bien au contraire, que ces expériences soient inutiles : elles créent des modèles, des précédents, elles changent les personnes qui les vivent, créant les conditions de futurs changements.

Malgré tout il est logique qu’avec autant de pouvoir en jeu, un tel système d’intérêts ne se laisse pas détruire gentillement. L’Histoire des luttes montre que la victoire est principalement une question de moyens, et que c’est un combat. Il ne sera pas toujours possible de respecter la loi, d’autant plus des lois conçues pour limiter notre puissance politique.

Même les formes historiques de protestation sont désormais interdites : en manifestation, outre le gaz lacrymogène systématique et les risques de blessure grave auxquels vous vous exposez (et c’est normal que ça en dissuade la plupart de venir, c’est super flippant), vous pouvez être arrêté·e pour “réunion en vue de commettre des dégradations”, c’est-à-dire sans avoir rien fait. Le fichage des militant·es sur la base de leurs opinions est désormais passé dans la loi. Décrocher symboliquement un tableau de Macron dans une mairie a valu un procès à toutes les personnes l’ayant fait.

Si vivre en démocratie est vital pour nous, alors nous devons apprendre à abattre nos barrières psychologiques envers certaines formes d’action. Ces barrières psychologiques, morales, ont été placées là précisément pour nous rendre impuissant·es à nous défendre contre la domination. Contre la morale bourgeoise qui réduit notre puissance, choisissons l’éthique qui la renforce.

Le recours à l’illégalité, voire à la violence, doit faire partie des options envisageables.

Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.

Don Helder Camara

Cela n’implique pas que la violence doit être automatique, et qu’on ne réfléchisse pas sur son efficacité. Il est tout à fait possible de défendre que la violence est contre-productive dans notre configuration et que la solution viendra de la désobéissance civile non-violente. Il est également possible de défendre l’inverse. Historiquement, il semble que toutes les configurations victorieuses ont été une des combinaisons des deux.

C’est pourquoi je n’hésiterai pas à vous partager ici, pour que vous puissiez vous forger une opinion sur cette question des moyens, des alternatives qui se permettent l’illégalité ou la violence.


Militant·es d’Extinction Rebellion qui se font pulvériser du gaz lacrymogène à bout portant
pour avoir tenté de bloquer un pont, le 28 juin 2019 à Paris

La désobéissance civile

De nombreux mouvements, notamment écologistes, investissent ce mode d’action, contre l’impossibilité d’agir pour le climat par les voies légales. Alternatiba ou Extinction Rebellion sont des organisations encourageant ce mode d’action. Vidéo de Partager c’est sympa sur l’occupation d’une mine de charbon (7min).

Le désarmement

Aussi appelé sabotage, la dégradation volontaire d’équipements pour empêcher le système de fonctionner, et/ou alerter l’opinion sur le fait que ces dispositifs qui nous sont imposés ne font pas l’unanimité : on peut citer les dégradations de panneaux publicitaire, le fauchage des OGM, les dégradations de banques lors de manifestations, ou récemment les actions des soulèvements de la Terre qui ont bloqué durablement plusieurs usines Lafarge (article).

L’insurrection

Les manifestations des gilets jaunes fin 2018 ont tenté, pour certaines, de reprendre le pouvoir politique et de renverser le gouvernement. C’est globalement une marque de fabrique française, avec plusieurs révolutions en 1789, 1830, 1848, des insurrections majeures comme la commune de Paris en 1871.
La dernière insurrection ayant obtenu des résultats massifs est sans doute Mai 68, appuyée d’une grève générale et d’un blocage total du pays. Petit rattrapage avec l’INA (6min).

La sécession

C’est la solution la plus radicale mais en même temps la plus simple à concevoir : On vit dans un système qui nous opprime et on n’arrive pas à le changer pour le rendre supportable ? “On se lève et on se barre” : on crée notre propre espace, de gré ou de force.
Bien entendu, le dit système réagit fortement contre toutes les tentatives de sécession, qui sapent par définition sa légitimité. Quelques exemples récents et majeurs de sécession :

Le Chiapas, la victoire qui dure
En 1994 les habitant·es de l’État Mexicain du Chiapas se soulèvent contre le gouvernement et prennent les armes. Contre toute attente, ils·elles repoussent l’armée mexicaine. Celles et ceux qu’on appelle les zapatistes créent leur propre État démocratique autonome dans un territoire grand comme la Bretagne, avec des règles de fonctionnement qui font rêver : démocratie directe avec différentes échelles de conseils dont les membres n’ont aucun avantage matériel et sont révocables. Les mandats ne sont pas renouvelables. De ce fait, il n’existe pas de classe politique et quasi tout le monde exerce une fonction un jour ou l’autre.
Jérome Baschet explique en détails comment cette démocratie fonctionne dans cette vidéo sur la rébellion zapatiste au Chiapas (54 min)
L’expérience zapatiste continue de nos jours, et est pour moi très inspirante sur nos chances de créer une véritable alternative. Néanmoins, le contexte géographique, culturel, historique du Chiapas joue un grand rôle dans ce qui s’y passe, et il est illusoire de vouloir “copier” tel quel leur modèle.


Militantes zapatistes

Le Rojava, la révolution des femmes kurdes
En 2013, profitant du chaos de la guerre civile syrienne, une partie des kurdes, un peuple séparé entre la Syrie, l’Irak, l’Iran et la Turquie, proclame son indépendance. Dans un territoire grand comme le Danemark, ils·elles construisent une région autonome aux institutions politiques révolutionnaires : inspiré·es du municipalisme libertaire de Murray Bookchin, les kurdes créent une société multiculturelle, écologique, coopérative et féministe.
En effet, les femmes ont grandement contribué à l’indépendance (40% des effectifs militaires, certaines unités sont exclusivement féminines) et à la défense contre les invasions de Daech. Le documentaire de Mylène Sauloy Kurdistan, la Guerre des filles revient sur l’Histoire incroyable de cette révolution (53 min).
Elles ont donc conquis, plus que des droits, des institutions leur redonnant une place dans la vie politique. Pour en savoir plus sur cette avant-garde de société réellement démocratique, qui montre la réalité du quotidien et ses difficultés sans romantisme révolutionnaire, le reportage Rojava : Une utopie au coeur du chaos syrien de Chris Den Hond et Mireille Court :

Donnez votre avis !

C’est tout, ça suffit non ? Si ce dossier vous a intéressé, bouleversé, étonné, énervé, laissé indifférent, faites m’en part en commentaire sous cet article.
À quel point la France est-elle démocratique selon vous ? Quelles sont les alternatives qui vous inspirent le plus ?